Le 17 juin dernier, le nouveau gouvernement de Villepin prenait un arrêté interministériel autorisant l’abattage de six loups avant la fin de l’année, soit 50% de plus que l’an passé.
Samedi 2 juillet, sur la place Masséna à Nice, des dizaines de défenseurs et sympathisants du loup se sont donc à nouveau mobilisés afin d’exprimer leur raz-le-bol face à la reconduite de cette mesure "anti-nature". Le loup bénéficie pourtant en France d’un statut de protection intégrale, grâce à la convention de Berne, ratifiée par notre pays en 1993, à la Directive Habitats n°92/143/CE de 1992, et à l’article L.211-1 du code rural. Ce fut ainsi l’occasion de rappeler à l’assistance que l’attaque de bêtes par des loups rapporte beaucoup plus à l’éleveur que s’il conduit la bête à l’abattoir... pour l’alimentation humaine. Selon l’Yonne Républicaine, "699 francs en moyenne pour une bête de 18 kilos, c’est même le meilleur prix obtenu depuis 14 ans. Pour une bête dévorée par les loups, l’éleveur touche 172 euros contre seulement 107 euros s’il la vend" !
Incompétence et mauvaise foi
L’hypocrisie de nos dirigeants va pourtant beaucoup plus loin qu’un large dédommagement pour s’accorder les faveurs des voix de certains électeurs. Nelly Olin, Ministre de l’Ecologie et du Développement Durable, a récemment condamné le fait qu’un loup ait été abattu en Savoie sans que les procédures du protocole qu’elle avait mis en place aient été préalablement respectées. Pourtant, elle-même a autorisé l’abattage de 5 loups d’ici la fin de l’année !
Des solutions de cohabitation entre pastoralisme et loups existent pourtant. "Un berger coûte 1 500 euros par mois. Mais par cupidité ou manque de moyens, beaucoup trop d’éleveurs ne veulent pas embaucher de bergers", soulignait madame Carbone, spécialiste internationale du le loup, lors d’une conférence à Nice le mois dernier. "S’il n’y a pas d’ongulés sauvages, il n’y a pas de meute de loups dans nos alpages", ajoutait-elle à l’attention de ceux qui dénoncent "une réimplantation de l’animal par l’homme" et qui affirment que "le loup c’est bien au Canada mais pas en France".
Et les chiens errants ? En 2001, les loups ont tué 1466 bêtes alors que les chiens errants en ont tué 20 000 dans la même zone. Cependant, les attaques de chiens ne donnant pas lieu à des subventions, il est préférable de continuer à prendre le loup pour un bouc-émissaire.
Texte et photos Delphine Delétang
Nota : Nelly Olin vient d’autoriser la chasse au renard en été ! Décret n° 2005-690 du 22 juin 2005 relatif à la chasse du renard et modifiant le code de l’environnement. "Possibilité de chasser le renard l’été avant l’ouverture générale dans les mêmes conditions que pour le sanglier ou le chevreuil". Pourtant, comme pour le loup, la présence du renard est primordiale pour l’équilibre écobiologique de notre pays devenu beaucoup trop aseptisé.